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Comptes-rendus de lecture

 


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Compte-rendu de l'article : 


SCHULZE (Winfried), « Ego-Dokumente : Annäherung an den Menschen in der Geschichte ? Vorüberlegungen für die Tagung « Ego Dokumente » », in W. Schulze (dir.), Ego-Dokumente : Annäherung an den Menschen in der Geschichte, Akademic Verlag, Berlin, 1996, p. 11-30.

                                                                                                                                         Par Antoine Odier.


                Citant la célèbre comparaison de M. Bloch entre « l’ogre »[1] et l’historien, tous deux attirés par « la chair humaine », W. Schulze constate qu’il n’est pas toujours aisé de trouver des moyens d’accéder aux hommes du passé, en particulier pour approcher leur intériorité. Certains historiens se sont résignés à une telle ignorance, affirmant que la dignité de l’homme lui interdisait de se révéler totalement dans les sources[2]. D’autres ont dirigé leur intérêt vers les groupes, avec, à partir des années 1970, « le concept controversé de « culture populaire » »[3], ou l’histoire des mentalités. Or aujourd’hui, la plupart des études font preuve d’un « nouvel intérêt pour les personnes particulières »[4], et c’est à de tels travaux que W. Schulze, professeur d’histoire moderne à l’université de Munich, destine sa notion d’Ego-Dokument, qui « contrairement aux recherches traditionnelles sur les cultures populaires, s’attache avec plus de vigueur à l’étude de la perception individuelle de la vie sociale »[5]. Dans cet article, intitulé « Les ego-documents : au plus près des Hommes dans l’Histoire ? Réflexions préliminaires au colloque sur les « ego-documents » »[6], il propose une présentation de cette notion et de ses enjeux, en guise d’ouverture à ce colloque qui s’est tenu du 4 au 6 juin 1992 à la fondation Werner Reimer de Bad Homburg, en Allemagne. W. Schulze a parallèlement dirigé la publication des actes du colloque, en 1996, sous le titre Les ego-documents : au plus près des Hommes dans l’Histoire[7].

Les pages qui suivent constituent une présentation synthétique de son introduction, où nous avons cherché à retranscrire le plus fidèlement possible sa conception tout à fait singulière de la notion d’Ego Dokument. Comme lui, nous en évoquerons successivement la genèse (1), la définition (2), et les possibles utilisations (3).  

  1. Les origines de la notion d’Ego-Dokument

Malgré des formulations proches, il ne faut pas confondre la notion d’Ego-Dokument avec l’« ego-histoire »[8] de P. Nora, les « personal documents »[9] et « documents of life »[10] de l’historiographie anglo-saxonne, ou les « human documents »[11] de Rolf Wilhelm Brednich. En effet, la notion d’Ego-Dokument a été introduite pour la première fois en 1958 par l’historien hollandais Jakob Presser (1899-1970), pour désigner les textes dans lesquels un auteur évoque sa vie personnelle et ses sentiments, c’est-à-dire tous les textes où affleure un ego[12]. Mais à l’époque, le terme n’a que peu de succès, du fait de la domination des études macro-historiques.

À partir des années 1970, le terme connaît un certain succès, au moment où il est repris par les historiens hollandais Herman van den Dunk[13] et Rudolf Dekker[14], incarnant les « nouvelles recherches d’histoire sociale hollandaise »[15]. Pour eux, les Ego-Dokumente regroupent toutes les sources qui « donnent des renseignements sur le point de vue particulier d’une personne, soit d’abord et principalement des textes autobiographiques »[16]. Ils se lancent rapidement dans la collecte de ces textes, avec l’inventaire réalisé jusqu’en 1989 par R. Dekker pour les XVIe et XVIIIe siècles aux Pays-Bas, qui a recensé environ 1200 titres, incluant parmi les Ego-Dokumente, les mémoires, journaux, et récits de voyage. Leurs travaux ont ensuite suscité des collectes similaires dans plusieurs autres pays d’Europe.

Mais Schulze reste insatisfait de ces travaux, car les recherches sur l’autobiographie ont montré qu’il s’agissait d’un phénomène très diversifié, ce qui brise l’unité de la notion d’Ego-Dokument utilisée. Pour certains, l’autobiographie apparaît comme une pratique essentiellement urbaine et bourgeoise, alors que pour d’autres, elle est une pratique religieuse, qu’on retrouve notamment dans les cercles piétistes. Finalement, le genre autobiographique regroupe une grande diversité de situations d’écriture, et de stratégies argumentatives. De même, une tentative de définition du point de vue formel risquerait de faire émerger des problèmes tels que « l’opposition fondamentale »[17] entre mémoires et autobiographie, ce qui reviendrait à réduire encore davantage le corpus. Il ne lui apparaît donc pas légitime de limiter les témoignages concernant les individus – et la notion d’Ego-Dokument – aux seuls textes autobiographiques. 

  1. La définition de W. Schulze

Selon lui, les Ego-Dokumente constituent une « notion fructueuse »[18] si elle n’est « pas utilisée seulement pour le matériel autobiographique »[19]. En cela, il affirme pouvoir continuer à se revendiquer de l’héritage de J. Presser, qui aurait « choisi délibérément une formulation ouverte, qui en aucune manière ne concernait seulement les écrits autobiographiques [] »[20], puisqu’il définissait les Ego-Dokumente comme toutes les sources dans lesquelles « un ego se dissimule ou se révèle, de façon volontaire ou involontaire »[21].

Schulze propose alors sa propre définition : « Les critères communs de tous les textes qui peuvent être qualifiés d’Ego-Dokument devraient être de présenter des témoignages ou des fragments de témoignages qui – même sous une forme rudimentaire ou travestie – donnent une information sur la perception, obtenue de façon libre ou sous la contrainte, qu’une personne a d’elle-même, au sein de sa famille, de sa paroisse, de son pays, ou de sa strate sociale, ou bien reflètent son rapport à ces structures et à leurs modifications. Ils devraient expliquer le comportement d’une personne individuelle, dévoiler ses peurs, expliquer ses savoirs, mettre en lumière ses valeurs, refléter son expérience de la vie et ses attentes. »[22]

Il s’agit donc davantage d’un critère de contenu, privilégiant l’étude de parcours individuels, que d’un critère de forme – jugé sans aucun fondement – ce qui se traduit par l’intégration au corpus de documents très variés : autobiographies, correspondances, journaux, livres de comptes, testaments, jusqu’aux sources administratives et judiciaires (interrogatoires, dépositions de témoins lors de procès, déclarations d’impôt…). Il suffit que ces textes soient centrés sur un individu, et que ce dernier ait été impliqué, de près ou de loin, dans leur rédaction. Les archives judiciaires permettant, en effet, d’approcher toute la diversité de la vie quotidienne des individus, particulièrement dans le cas de « personnes dites « normales » »[23], appartenant à des « couches sociales variées »[24], et ne sachant pas forcément lire et écrire[25].

Il reste néanmoins conscient de la prudence dont il faut faire preuve lors de l’étude de ces sources judiciaires, qui fournissent parfois des témoignages déformés, obtenus contre la volonté du sujet, exprimant davantage l’idéologie religieuse ou politique des institutions que la personnalité des individus. Mais parallèlement, il rappelle que les textes autobiographiques obéissent eux aussi à des conventions littéraires, sociales ou religieuses, qui déforment les informations qu’ils pourraient nous apporter, si bien que, pour une grande partie de l’époque moderne, il n’hésite pas à appliquer à l’autobiographie en général les propos de J.-M. Goulemot concernant les mémoires, affirmant qu’ils « s’arrêtent là où commencent le privé et l’intime »[26]. Pour lui, tous les types de sources inclus dans sa notion d’Ego-Dokument possèdent leurs contraintes. Il faut donc relativiser la prétendue originalité des autobiographies, cesser de rejeter les sources judiciaires rédigées de la main d’un tiers, et privilégier le critère du contenu.  

  1. Le projet de l’ouvrage

Ego-Dokumente : Annäherung an den Menschen in der Geschichte[27] se propose d’offrir des études du « spectre le plus vaste possible de types d’Ego-Dokumente »[28], pour la période qui s’étend « entre le Moyen Âge tardif et la fin au XVIIIe siècle »[29], et ce dans l’Europe entière. Car cette période constitue pour lui une « période stratégique »[30], qui voit l’épanouissement d’un « processus d’individualisation, à travers la mobilité sociale, les conflits religieux, et le pouvoir grandissant des appareils administratifs [] »[31].

La première partie de l’ouvrage est consacrée aux textes autobiographiques, qui sont utilisés selon une approche classique, pour l’histoire des mentalités, de la famille, et des genres. Ils apportent des éléments de réponse aux questionnements concernant l’intégration des individus à l’intérieur de leur famille ou de leur paroisse, leur regard sur leur corps, ou leur expérience de la maladie.

La seconde partie s’intéresse aux sources permettant d’approcher des « personnes simples »[32], leur existence, croyances et savoirs, afin de ne plus les considérer comme des anonymes selon « l’approche statistique d’une histoire sérielle des mentalités »[33]. Il s’agit par exemple, d’étudier les lettres de supplication des serfs du Schleswig-Holstein au début du XVIIe siècle[34], les examens d’admission aux postes de juge dans les tribunaux[35] du Saint Empire romain germanique, ou les correspondances des indigents en Angleterre[36].

Enfin, la troisième partie s’intéresse aux observations que l’on peut faire sur des personnes singulières à partir de sources juridiques et administratives – notamment des interrogatoires – en s’éloignant des sources autobiographiques classiques. On y observe selon lui, l’existence d’un « parallélisme entre discipline et individualisation »[37], qui « rend ces sources si précieuses »[38]. En effet, le « nouveau regard sur les Hommes et les mobiles de leurs actions »[39] dont elles témoignent, serait né de l’« exigence de discipline de l’État et de la religion »[40], bouleversant du même coup les comportements. Ces textes permettraient donc d’approcher d’un autre point de vue, au plus près des acteurs sociaux, ces « grands processus civilisationnels de rationalisation et d’individualisation »[41].  

                                                     

Par certains aspects, l’approche de W. Schulze s’avère donc très séduisante, puisqu’elle propose de dépasser des frontières jugées artificielles, notamment celles des genres  littéraires, pour mettre la personne particulière au centre des recherches, et rassembler ensuite autour d’elle toutes les sources disponibles pouvant l’éclairer, sans se limiter à celles qu’elle a pu produire de son plein gré. Sa notion d’Ego-Dokument permet ainsi de ne pas se limiter à l’étude d’individus sachant lire et écrire, et de tirer parti d’un grand nombre de sources.

Cependant, ses travaux semblent avoir eu peu de succès, notamment en Allemagne. En effet, la majorité des ouvrages récents utilise non pas la notion d’Ego-Dokument, mais celle de Selbstzeugnis, qui se limite aux écrits ayant un contenu dominé par le thème du soi, et qui ont été rédigés de façon libre par leur auteur. Ainsi, l’ouvrage de Patrice Veit, Von der dargestellten Person zum erinnerten Ich, publié en 2001, utilise la notion de Selbstzeugnis, considérant celle d’Ego-Dokument comme un « élargissement »[42] de la première. On trouve même une critique de la notion d’Ego-Dokument dans un article de Sebastian Leutert et Gudrun Piller, dans lequel ils présentent leur recensement des Selbstzeugnisse de Suisse alémanique entre 1500 et 1800[43]. Au cours de cet inventaire dirigé par Kaspar von Greyerz, réalisé en 1998, les deux auteurs se sont interrogés sur la notion la plus appropriée à utiliser. Pour eux, le concept d’Ego-Dokument de W. Schulze présente les inconvénients de générer une masse trop importante de documents, et d’associer des textes écrits librement avec des textes qui peuvent avoir été écrits sous la torture. Le critère de la « libre volonté »[44] de l’auteur leur semble donc constituer un « aspect central » des sources concernant le thème du soi. On trouve la même préférence pour la notion de Selbstzeugnis chez Benigna von Krusenstjern[45], Klaus Arnold[46], ou Richard Van Dülmen[47]. Aux Pays-Bas, R. Dekker critique aussi une telle interprétation de la notion de J. Presser, affirmant que « lorsque [son] sens est étendu à ce point [], la notion perd son intérêt »[48]

Enfin, il est possible que l’idée proposée d’un lien entre, exigence de discipline de la part des institutions, individualisation, et rationalisation, que l’on retrouve aussi chez R. van Dülmen, trouve sa source dans les travaux de sociologues allemands, tels que M. Weber[49] ou N. Elias[50]. Il pourrait s’agir d’une partie des fondements théoriques qui ont guidé l’historiographie allemande dans ses recherches concernant l’individu et le thème du soi.


[1] « Le bon historien, lui, ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier », in M. Bloch, Apologie pour l’histoire ou le métier d’historien, A. Colin, Paris, 1993, p. 83.

[2] Il cite en particulier l’historien allemand Friedrich Meinecke (1862-1954).

[3] « [das] umstrittene Konzept der « Volkskultur » », in W. Schulze, « Ego-Dokumente : Annäherung an den Menschen in der Geschichte ? Vorüberlegungen für die Tagung « Ego Dokumente » »[3], in W. Schulze dir., Ego-Dokumente : Annäherung an den Menschen in der Geschichte[3], Akademic Verlag, Berlin, 1996, p. 13.

[4] « ein neues Interesse an einzelnen Personen », in W. Schulze, art. cit., p. 13.

[5] « im Unterschied zur traditionellen Volkskulturforschung stärker auf die individuelle Wahrnehmung gesellschaftlichen Lebens abzielt », in W. Schulze, art. cit., p. 13.

[6] W. Schulze, art. cit..

[7] W. Schulze dir., op. cit.. Ni l’article, ni cet ouvrage n’ont pour l’instant été traduits en français.

[8] Il avait demandé à des historiens de se faire historiens d’eux-mêmes, in P. Nora dir., Essais d’ego-histoire, Gallimard, Paris, 1987, 375 p..

[9] Il s’agit de travaux anciens, comme ceux de L. R. Gottschalk et R. Angell, The use of personal documents in history, anthropology and sociology, Social science research Council, New-York, 1945, 243 p..

[10] Les « documents of life » regroupent toutes les sources permettant de donner un aperçu de la vie d’une personne, et dont il a été l’auteur (journaux, correspondances, photographies, interviews…). D’après Ken Plummer, Documents of life : an introduction to the problems and literature of a humanistic method, G. Allen & Unwin, Londres, 1983, 175 p..

[11] Les « human documents » regroupent les testaments, correspondances, chroniques familiales et journaux, utilisés dans le cadre d’études folkloristes. D’après R. W. Brednich, « Zum Stellenwert erzählter Lebensgeschichten in komplexen volkskundlichen Feldprojekten », in R.-W. Brednich dir., Lebenslauf und Lebenszusammenhang. Autobiographische Materialen in der volkskundlichen Forschung, Deutsche Gesellschaft für Volkskunde ed., Fribourg, 1982, p. 46-70.

[12] J. Presser, « Memoires als geschiedbron », dans Winkler Prins Encyclopedie, Elsevier, Amsterdam, 1958,
t. VIII. On trouve aussi beaucoup d’informations sur ses travaux dans R. Dekker, « Jacques Presser’s heritage : Egodocuments in the study of history », Memoria y civilizaciòn, 2002, n°5, p. 13-37.

[13] H. van den Dunk, « Over de betekenis van ego-dokumenten », Tijdschrift voor Geschiedenis, 1970, n°83, titré Egodokumenten, een bijzonder genre van historische bronnen, p. 147-161.

[14] R. Dekker, « Ego-Documents in the Netherlands 1500-1814 », Dutch Crossing, 1989, n° 39, p. 61-72.

[15] « die neuere niederländische Sozialgeschichtsforschung », in W. Schulze, art. cit., p. 15.

[16] « Auskunft über die Selbstsicht eines Menschen geben, vorwiegend und zunächst einmal also autobiogra-phische Texte », in W. Schulze, art. cit., p. 14, qui résume le propos de l’article de R. Dekker.

[17] Il cite Ph. Lejeune, L’autobiographie en France, A. Colin, Paris, 1971, p. 15.

[18] « ein ergiebiger Begriff », in W. Schulze, art. cit., p. 20.

[19] « nicht nur auf das autobiographishe Material [] angewendet werden », in W. Schulze, art. cit., loc. cit..

[20] « bewusst eine offene Formulierung gewählt hat, die keineswegs allein auf autobiographisches Material [] abzielte », in W. Schulze, art. cit., p. 20.

[21] « ein ego sich absichtlich oder unabsichtlich enthüllt oder verbirgt », d’après J. Presser, « Vorwort », Tijdschrift voor Geschiedenis, 1970, n°83, cité par W. Schulze, art. cit., p. 20.

[22] « Gemeinsames Kriterium aller Texte, die als Ego-Dokumente bezichnet werden können, sollte es sein, dass Aussagen oder Ausssagenpartikel vorliegen, die – wenn auch in rudimentärer und verdeckter Form – über die freiwillige oder erzwungene Selbstwahrnehmung eines Menschen in seiner Familie, seiner Gemeinde, seinem Land oder seiner sozialen Schicht Auskunft geben oder sein Verhältnis zu diesen Systemen und deren Veränderungen reflektieren. Sie sollten individuellmenschliches Verhalten rechtfertigen, Ängste offenbaren, Wissensbestände darlegen, Wertvorstellungen beleuchten, Lebenserfahrungen und erwartungen widerspiegeln. », in W. Schulze, art. cit., p. 28.

[23] « normalen « Menschen » », in W. Schulze, art. cit., p. 21.

[24] « unterschiedlicher sozialer Schichten », in W. Schulze, art. cit., p. 21.

[25] « illiterate Schichten », in W. Schulze, art. cit., p. 25.

[26] J.-M. Goulemot, « Les pratiques littéraires ou la publicité du privé », in Ph. Ariès et G. Duby dir., Histoire de la vie privée, t. 3, De la Renaissance aux Lumières, Seuil, Paris, 1986, p. 390.

[27] W. Schulze dir., op. cit..

[28] « ein möglichst breites Spektrum möglicher Varianten von Ego-Dokumenten », in W. Schulze, art. cit., p. 30.

[29] « zwichen dem späten Mittelalter und dem Ende des 18. Jahrhunderts », in W. Schulze, art. cit., p. 28.

[30] « strategisch[e] Zeitraum », in W. Schulze, art. cit., p. 28.

[31] « der Individualisierungsprozess durch soziale Mobilität, konfessionelle Konfliktlagen und die wachsende Stärke administrativer Apparate [] », in W. Schulze, art. cit., p. 28.

[32] « einfach[e] Menschen », in W. Schulze, art. cit., p. 30.

[33] « d[ie] Statistik einer seriellen Mentalitätsgeschichte », in W. Schulze, art. cit., p. 30.

[34] O. Ulbricht, « Supplikationen als Ego-Dokumente. Bittschriften von Leibeigenen aus der ersten Hälfte des 17. Jahrhunderts als Beispiel », in W. Schulze dir., op. cit., p. 149-174.

[35] S. Jahns, « Das Generalexamen der Kammergerichtsassessoren als « Ego-Dokument » ? », in W. Schulze dir., op. cit., p. 191-205.

[36] T. Sokoll, « Selbstverständliche Armut. Armenbriefe in England, 1750-1834 », in W. Schuze dir., op. cit.,
p. 227-271.

[37] « die [] Parallelität von Diszplinierung und Individualisierung », in W. Schulze, art. cit., p. 30.

[38] « diese Quellen so wertvoll macht », in W. Schulze, art. cit., p. 30.

[39] « eines neuen Blicks auf den Menschen und die Beweggründe seines Handelns », in W. Schulze, art. cit., p. 27.

[40] « der [] Disziplinierungsversuch im Namen des Staates und der Konfession », in W. Schulze, art. cit., p. 27.

[41] « der Grossen zivilisatorischen Prozesse von Rationalisierung und Individualisierung », in W. Schulze, art. cit., p. 27.

[42] « eine Erweiterung », in F. Brändle et alii, « Texte zwischen Erfahrung und Diskurs : Probleme der Selbstzeugnisforschung », in K. Von Greyerz, H. Medick et P. Veit, Von der dargestellten Person zum erinnerten Ich, Europäische Selbstzeugnisse als historische Quellen (1500-1850), Böhlau Verlag, Cologne-Weimar-Vienne, 2001, p. 7.

[43] S. Leutert et G. Piller, « Deutschschweizerische Selbstzeugnisse (1500-1800) als Quellen der Mentalitätgeschichte. Ein Forschungsbericht », Schweizerische Zeitschrift für Geschichte, 1999, n°49,
p. 197-221.

[44] « Freiwilligkeit ist ein zentraler Aspekt », in S. Leutert et G. Piller, art. cit., p. 206.

[45] B. von Krusenstjern, « Was sind Selbstzeugnisse ? Begriffskritische und quellenkundliche Überlegungen anhand von Beispielen aus dem 17. Jahrhundert », Historische Anthropologie, 1994, n°2, p. 462-471, et B. von Krusenstjern, Zelbstzeugnisse der Zeit des Dreissigjährigen Krieges : beschreibendes Verzeichnis, Akademik Verlag, Berlin, 1997, 268 p..

[46] K. Arnold et alii dir., Das dargestellte ich : Studien zu Selbstzeugnissen des späteren Mittelalters und der frühe Neuzeit (Gebundene Ausgabe), D. Winkler Verlag, Bochum, 1999, 300 p..   

[47] R. van Dülmen, Die Entdeckung des Individuums, 1500-1800, Fischer Taschenbuch Verlag, Francfort, 1997, 175 p., et R. van Dülmen dir., Entdeckung des Ich, Die Geschichte der Individualisierung vom Mittelalter bis zur Gegenwart, Böhlau Verlag, Cologne-Weimar-Vienne, 2001, 638 p..

[48] « In germany the word was taken over by Winfried Schulze. [] He interpreted Presser’s concept more inclusively []. When the meaning is extended to such a degree, however, the concept loses its focus [] », d’après R. Dekker, art. cit., p. 15.

[49] pour M. Weber, le propre de « l’Occident » et de la « civilisation moderne de l’Europe » est d’avoir vu, comme nulle part ailleurs, la montée en puissance des comportements rationnels et individuels. Ils ont été favorisés en particulier par « l’État moderne », doté d’une « administration », imposant des « règles établies et rationnelles », qui disciplinent le comportement des individus, mais aussi par le capitalisme, qui contribue à canaliser la « pulsion irrationnelle » de « recherche du profit » des individus dans des activités « rationnelle[s] et continue[s] ». Dans le cadre de ces processus de « rationalisation », les Hommes ont progressivement dû adopter « une conduite de vie caractérisée par un rationalisme pratique », en rupture avec les « puissances magiques et religieuses », ainsi qu’avec les communautés traditionnelles, in M. Weber, Sociologie des religions, Gallimard, Paris, 1996, [1920], p. 489-508.

[50] Pour N. Elias, l’émergence de l’individu en Europe occidentale est le fruit d’un lent « processus de civilisation » identifiable depuis la fin du Moyen-Âge. Il se définit par une tendance à la pacification des mœurs et à l’autocontrôle de soi, liée à la complexification des sociétés (qui multiplie les interdépendances entre des individus différenciés), ainsi qu’au développement de l’État moderne (qui devient le seul détenteur de la violence légitime). L’intériorité de l’individu se développe notamment du fait de l’intériorisation des contraintes sociales en une autocontrainte, synonyme de davantage de réflexion sur soi, ou de l’avènement du sentiment de honte et de pudeur, in N. Elias, La dynamique de l’Occident, Calmann-Lévy, Paris, 1991, [1939], 328 p.

 

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